22.11.09

Machines qui pensent


Les machines qui pensent et qui imitent les capacités du cerveau humain sont un très vieux thème en SF. On pense d'abord aux robots, popularisés par l'écrivain tchèque Karel Capek qui, dans sa pièce "R.U.R." de 1920, décrit des robots pensants et très peu satisfaits de leur place dans la société. Asimov, bien sûr, est l'auteur le plus connu du genre, avec ses nouvelles rassemblées en français sous le titre "Les robots" et "Un défilé de robots".

Robots, un vieux rêve de la SF

Le thème n'a pas été inventé par la SF. La mythologie en la fantasy abondent en golems, zombies et autres créatures anthropomorphes obéissant plus ou moins servilement aux ordres de leur maîtres.

La réalité était moins reluisante. Quand on songe aux promesses de la SF des années 50 pour l'an 2000 en matière de "cerveaux électroniques" et d'hélicoptères pour tous, on a presque honte de son PC qui plante un lundi matin après une heure d'embouteillages -- au fait, où est ma voiture volante?

L'informatique à la rescousse

Heureusement, il y a de l'espoir. Durant la récente conférence sur les super-ordinateurs (SC09) qui s'est tenue à Portland (USA), la firme IBM a annoncé qu'une équipe de recherche de son centre d'Almaden a créé la simulation de cerveau la plus poussée à ce jour. La simulation cerveau en question, nommée C2, comprend 1,6 milliard de neurones interconnectés par 8870 milliards de synapse. Soit davantage que le cerveau d'un chat.

La simulation "tourne" au centième de la vitesse réelle d'un cerveau de mammifère, en dépit de la puissance impressionnante du matos qui fait tourner C2. La machine, nommée Dawn (aurore), est un ordinateur parallèle de type BlueGene/P comprenant 147 456 processeurs et 144 téra-octets de mémoire. Le tout occupe un centre de calcul entier au laboratoire national américain Lawrence Livermore. La bête consomme 1,4 MW (et je ne sais même pas si la conso de la ventilation et du refroidissement est incluse dans ce chiffre). Chaque synapse était simulé par seulement 16 octets. Sachant qu'un synapse représente un souvenir ou un geste appris, on se rend compte de la fragilité de la mémoire humaine...

Les chercheurs ont stimulé ce cerveau en lui "montrant" des images, simulant ce qui se passe dans le cortex visuel.

Leur erreur a été d'agiter un câble Ethernet devant la caméra, déclenchant des réflexes de prédateurs chez le félin synthétique. Les 200 tonnes de matos se sont jetées sur le câble, massacrant les chercheurs et dévastant le labo. Ainsi périssent les impies qui jouent avec des forces qui dépassent l'entendement humain.

Non, bon, d'accord, ce n'est comme ça que ça s'est passé. Les chercheurs ont plus prosaïquement "montré" des logos IBM à cette pauvre simulation. Les rapports ne disent pas si C2 a immédiatement sorti son carnet de chèque pour acheter un nouveau produit qui n'existe que sur brochure, ce qui se passe souvent quand on montre le sigle IBM à des managers.

13.11.09

De l'eau sur la lune!


C'est officiel, il y a de l'eau sur la lune! De la glace, plus exactement, comme l'avait prédit Hergé.

On le soupçonnait, et maintenant, on en est sûr. La NASA a envoyé une sonde et son étage porteur (un étage de fusée) s'écraser dans un cratère qui, parce qu'il est situé à un pôle de la lune, est dans l'obscurité éternelle. Et là, pas de doute, l'observation des débris éjectés a révélé de la vapeur d'eau, pas juste quelques traces.

Si on ajoute à cela la glace trouvée sur Mars sous quelques centimètres de poussière par la sonde Phoenix en juin 2008, l'Homme n'a vraiment plus aucune excuse pour ne pas coloniser le système solaire.

En SF, l'établissement de bases sur d'autres planètes, à commencer par la lune, est un terrain très fertile. Un auteur, Ben Bova, s'en est fait le spécialiste, avec beaucoup de bonheur. Dans son cycle en deux volumes "Moonbase", il avait prévu la découverte d'eau dans des régions plongées dans l'ombre perpétuelle sur la lune, et décrit bien ce que pourrait être la vie sur la lune. Avec de menus problèmes comme par exemple une guerre civile, des saboteurs, des meurtres mystérieux... Le tout dans un cadre de rivalités politiques et de menées clandestines. Recommandé.

La série en deux volumes est en anglais (les oeuvres plus récentes de Bova ont été traduites en français):
Moonrise et Moonwar
Link

16.8.09

Québec: La vie au grand air


Je viens de passer une semaine au Québec, cette belle province francophone du Canada lâchement abandonnée par les Français, en compagnie de mon épouse.

Outre les excellents repas et les paysages magnifiques, nous avons beaucoup apprécié les musées d'histoire, en particulier ceux centrés sur la vie quotidienne au XVIIIe siècle.

Nous avons ainsi visité un village historique qui restitue fidèlement l'habitat et la vie des pionniers qui se sont installés dans la région dans les années 1750.

Quel intérêt pour écrire de la fantasy, me demanderez-vous? Un intérêt énorme. Très peu de gens savent encore comment s'accomplissaient les gestes simple de la vie quotidienne avant l'âge industriel. Prenons un exemple; le feu. Le feu, indispensable à l'éclairage et la cuisson (entre autres). Comment l'allumait-on? Très simple, on battait un briquet sans s'esquinter un doigt, ce qui exigeait une certaine pratique. Sans parler de la necessité d'avoir sur soi une pierre, un battoir de fer et de l'amadou, qui est un morceau ou des miettes de champignon séché.

Plus scatologique mais pas négligeable pour autant, les problèmes sanitaires. Les grandes villes de l'ère romaine avaient leur système d'égouts. Les cités médiévales, pour la plupart, en étaient dépourvues. De même, les rues n'étaient que très rarement pavées. Le centre des rues pavées était parcouru par un ruisseau charriant les immondices. "Tenir le haut du pavé", qui est resté dans nos expressions courantes, signifiant rester sur la partie haute de la rue, loin des immondices.

Mais raser les murs n'était pas forcément une bonne idée. En particulier, on risquait de se faire arroser par le contenu des pots de chambre. Au matin, les citadins vidaient leurs pots de chambre depuis leurs fenêtres en criant "gare à l'eau!" pour prévenir les passants. Si la rue n'était pas pavée, la boue devenait particulièrement malodorante.

Tout cela est souvent difficile à se représenter pour le citadin moderne. C'est pourquoi une petite plongée dans l'histoire est toujours appréciable.

Le paradoxe de la fantasy, c'est qu'on "vend" un monde imaginaire qui, loin d'être un bon vieux temps rêvé, était somme toute rude et déplaisant. Peut-être est-ce pour nous faire prendre un peu de distance sur nos petits ennuis modernes?

La prochaine fois que vous êtes bloqués dans un embouteillage, souvenez-vous que vous n'aurez pas à manger froid si vous êtes à court d'amadou sec. Vos ancêtres auraient donné plusieurs doigts et quelques dents pour les merveilles que renferme votre banale cuisine.

2.1.09

Roger Leloup, un grand Monsieur de la BD



J'avais fait une petite liste d'auteurs de BD remarquables pour leurs talents de conteurs. Liste bien sûr non exhaustive. Mais sottement, j'avais oublié Roger Leloup.

Tout le monde connaît Yoko Tsuno, l'héroïne de Leloup. Le dessin net, méticuleux et fouillé de Leloup s'est taillé une place spéciale dans un monde pourtant riche en dessinateurs de talent.

Mais Leloup n'est pas seulement un grand dessinateur, c'est aussi un conteur. Il aime écrire, et cela se voit. Son problème est qu'il raconte des histoires complexes dans le cadre étriqué d'un album, sans jamais étendre une histoire sur plusieurs volumes. C'est un choix qui nous permet, nous les lecteurs, de ne pas devoir attendre plusieurs années avant la conclusion d'une histoire.

Tous les écrivains vous diront qu'une nouvelle est presque aussi difficile à écrire qu'un livre. Ce que peu de gens savent, c'est que les histoires courtes -- des textes avec une longueur imposée par un magazine, par exemple -- sont paradoxalement plus difficiles à écrire qu'une nouvelle. La contrainte de longueur exige une gymnastique difficile. Rallonger une histoire la rend insipide. Tailler dans le vif pour raccourcir est un déchirement. C'est pourquoi on ne peut qu'admirer des découpages réussis et des histoires qui "percutent" en 44 ou 46 pages à peine. Le dessin sert l'histoire, certes, mais les dialogues doivent aller à l'essentiel et les personnages ne peuvent pas être aussi fouillés que dans un livre. Sévères contraintes. auxquelles Leloup s'adapte bien.

Leloup, un bosseur acharné


L'auteur de Yoko Tsuno travaille actuellement sur le 25ème volume de la série, "La servante de Lucifer". Malgré son âge (75 ans), Leloup travaille 70 heures par semaine. Il a récemment demandé à son public de limiter le nombre de demandes de dédicaces, pour avoir le temps de finir cette histoire. Quand beaucoup d'autres ralentiraient leur travail et se reposeraient après une longue carrière, il continue, et durement. Chapeau.

Longue vie et bonne santé à vous, M. Leloup. Et pas seulement parce que nous voulons enocre des albums!

Les sites de Leloup


Le père de Yoko rédige plusieurs blogs illustrés:

Le site le plus riche et le plus complet est sans doute Le portail de Yoko Tsuno. On y trouve de nombreux articles, des vidéos, etc. Leloup n'est pas directement l'auteur de ce site, mais il y participe.

Autres liens


Citons aussi le site officiel de Yoko Tsuno aux éditions Dupuis, avec des dossiers aux textes intéressants.

Enfin, Bdtour a une page consacrée au prochain album de Yoko, avec des crayonnés superbes.