4.3.07

L'encrier et l'électron

Le marché du livre va mal. Bon, d'accord, les éditeurs se plaignent souvent. L'encre était à peine sèche sur les pages de sa Bible que Gutenberg râlait déjà "Mais où sont les clients?" Depuis, ça ne s'est pas arrangé.

Mais là, on commence à se poser des questions. Une étude de Livre Hebdo indique que les ventes de livres ont baissé de 1,6% en France durant l'année 2006, "le pire résultat depuis 15 ans".

Est-ce parce que l'économie française est en panne? Les gens rognent sur le superflu quand les fonds baissent, c'est bien connu. Est-ce l'explication? Hélas non: aux Etats-Unis, où l'économie croît trois fois plus vite qu'en France, le phénomène est encore plus accentué! Un article de Livres Hebdo signale que les ventes de livres ont baissé de 3% aux Etats-Unis en 2006.

Je pense que je sais pourquoi. C'est parce que dans la bataille entre l'encrier et l'électron, c'est l'électron qui a gagné. Les gens jouent à des jeux vidéos, regardent des DVDs, et "surfent" sur le web. Lire des livres? Au format PDF peut-être...

Donc, on vend moins de livres en France. Et pourtant, le nombre de titres a augmenté. Que dis-je, il a bondi!
La production connaît elle un nouveau bond, de 8,5%, avec près de 58.000 nouveaux titres lancés en 2006 en France. En 2005, la hausse avait été plus modeste, de 2,4%.
Donc, plus de titres, moins de ventes, donc moins d'exemplaires par titre.

Et moi, qu'est-ce que je fais? Je termine un manuscrit. Eh oui, au pire moment, j'ajoute mon pavé au tas.




Est-ce au moins un livre de cuisine que je commets? Ou bien un ouvrage sur les ragots d'une célébrité? Bé non. Je fais un bouquin d'heroic fantasy, très populaire aux Etats-Unis, mais pas tellement en France.

Et comme la fantasy est très populaire aux US, les éditeurs français n'ont que l'embarras du choix pour traduire des ouvrages américains. Les ventes américaines assurent la notoriété du bouquin avant même sa sortie. Mais hélas, cela réduit la place accordée aux auteurs français. Surtout aux auteurs dont c'est le premier roman (j'ai déjà publié des livres "sérieux" fort peu humoristiques). On ne peut pas en vouloir aux éditeurs.

Il faut se rendre à l'évidence: la bataille s'annonce rude. C'est pourquoi je mets mon livre en vente sur Lulu. Comme l'ISBN appartient à La Plume Barbare, une micro-société basée aux USA (où j'habite), il me sera toujours possible de transférer le livre chez un éditeur classique s'il s'en trouve un.

En attendant, voilà le bouquin. J'y ai passé beaucoup de temps, je crois sincèrement qu'il est drôle et captivant (et mes ''beta-lecteurs'' le confirment), et je veux pouvoir en faire profiter les amateurs de fantasy.

Comme je ne compte pas sur les ventes du livre pour vivre, je peux même me permettre de l'offrir à un prix modique, rendu possible par la diffusion sur Internet. Comme quoi l'électron bat décidément l'encrier à plates coutures.

La prochaine fois: le début d'une série sur les outils, références et logiciels pour écrire de la fantasy

Erric Ferris
lulu.com/ericferris

5 commentaires:

Anonyme a dit…

une question pour l'auteur : puisque vous vivez aux états unis, avez vous pensé à la traduction de votre texte en américain?

Eric Ferris a dit…

Dracosolis,

Bien sûr, j'y ai pensé. Je pourrais aisément le traduire moi-même. Mais pour intéresser un agent américain sur le terrain encombré de l'HF, il vaudrait mieux que je puisse déjà montrer que le texte français s'est vendu.

Anonyme a dit…

"Lire des livres? Au format PDF peut-être..."

Non, les gens n'aiment pas lire sur l'écran. Ca fait mal aux yeux d'ailleurs.
Je le sais bien je suis dans l'informatique. Le livre existera toujours sur format papier, les BD aussi. Simplement ce que le net apporte est "gratuit". Et puis quand les gens ont le choix entre un film et un livre...

Eric Ferris a dit…

Drudruss,

J'espère que vous avez raison... Je pense qu'il restera toujours au moins une frange de lecteurs de livres, mais que beaucoup de gens ont simplement perdu l'habitude du livre.

Anonyme a dit…

Et Harry Potter ?
C'est tout bête, mais si les gens avaient vraiment perdu toutes habitudes de lire il n'aurait pas eu autant de succès.
Il est vrai que une large partie de la population ne lit pas de livres, mais notre monde est constitué d'écriture. Allumez la télé, à chaque publicité vous aurez un texte.
Naviguez sur internet (de plus en plus important), ce sera une navigation "écrite" dans le sens où vous devrez lire pour avancer.

La lecture sera toujours importante, et il y aura toujours des lecteurs.